Prof. Paul Devroey : “ Les problèmes d’infertilité sont dus plus à une question sociale que physiologique ”

Les problèmes d’infertilité sont dus plus à une question sociale que physiologique

Publié: 13 octobre 2014|Actualisé: 3 septembre 2019|A propos de la reproduction assistée.|Article révisé par : Équipe médicale d'Eugin

15e anniversaire, un âge auquel elle arrive en étant en pleine forme après s’être consolidée en tant que leader de la procréation médicalement assistée en Catalogne, avec plus de 8000 traitements annuels. En raison de cet anniversaire, Eugin a invité le chercheur belge, le Prof. Paul Devroey, une des plus grandes éminences mondiales en fertilité et procréation médicalement assistée.

En 1992, à la tête du Centre de Reproduction Humaine de la Vrije Universiteit Brussel, il a développé la technique de la micro-injection intracytoplasmique (ICSI), grâce à laquelle il est possible d’inséminer un ovule avec un seul spermatozoïde.
Depuis lors, des hommes du monde entier ayant de sérieuses altérations du sperme ont pu exaucer leur rêve de devenir pères.
Le Prof. Paul Devroey déborde d’enthousiasme face aux futurs défis de la procréation médicalement assistée, et déclare être fasciné par les progrès médicaux et sociaux apportés par la vitrification d’ovules.

Les techniques de procréation médicalement assistée sont majoritairement acceptées et de plus en plus de personnes y ont recours. Qu’ont-elles apporté à la société actuelle ?

Auparavant, les personnes qui présentaient des problèmes de fertilité ne pouvaient pas avoir d’enfants et devaient accepter l’existence d’une raison médicale insurmontable. Cela a bien changé.

Selon vos calculs, combien de personnes dans le monde ont pu bénéficier de l’ICSI ?

Des millions de personnes. 10% des hommes ayant des problèmes de fertilité, certains même jusqu’au point de ne pas avoir de spermatozoïdes dans le sperme éjaculé.
Le problème réside dans le fait que, dans de nombreux pays, ce type de technique n’est pas disponible car, pour de nombreuses personnes ayant la capacité de prendre des décisions, ces techniques ne sont pas une priorité. C’est pourquoi il faut travailler afin d’améliorer les résultats et faciliter l’acceptation de cette technique dans le monde entier.

La science peut-elle parvenir à faire en sorte que n’importe quel homme soit père biologique ?

Oui. Je me souviens de la première fois où nous avons extrait directement des spermatozoïdes des testicules pour féconder un ovule. De nombreux collègues disaient que cela ne fonctionnerait pas, car la phase finale du développement des spermatozoïdes, la formation, se produit après l’éjaculation lorsqu’ils entrent en contact avec les fluides du tractus génital de la femme. “Le sperme doit être formé”, disaient-ils, même dans les livres.
Avec le chercheur Gianpiero D. Palermo, nous avons prélevé des spermatozoïdes des testicules d’un homme chez qui on avait diagnostiqué une aspermie De cette manière, nous avons vérifié que l’hypothèse de la formation n’était pas tout à fait correcte.
Un homme peut être père biologique même dans des cas extrêmes comme ceux de l’aspermie. Absolument !

Quels sont les futurs défis face à l’infertilité masculine ?

Les andrologues doivent comprendre les mécanismes de l’infertilité : pourquoi un homme produit du sperme normalement et un autre en est incapable ? Dans certains cas, les altérations sont dues à des facteurs génétiques, mais dans de nombreux autres cas, les causes sont inconnues, et cela crée des difficultés pour savoir quel traitement suivre.
Ce que nous voulons savoir c’est comment les traiter. Lorsque nous avons introduit la technique de l’ICSI nous étions convaincus que l’on ne pouvait pas traiter l’homme, on ne pouvait traiter que le gamète, le spermatozoïde. Il s’agit du point d’inflexion : nous sommes passés de l’homme au gamète.
Une chance pour que les hommes préservent leur fertilité est de congeler le sperme car, avec le temps, la production spermatique se dégrade dans des cas extrêmes.

Y a-t-il une augmentation des problèmes d’infertilité dans les sociétés développées ?

Non, je ne crois pas. Le nombre reste assez stable, je ne pense pas que les cas d’infertilité augmentent. Ce que je vois c’est qu’il y a de plus en plus de femmes qui étudient, développent une carrière professionnelle, organisent de nombreux aspects de leur vie et finissent pas reporter la maternité. Et, avec le temps, la fertilité diminue.

Il s’agit donc plus d’une question sociale que physiologique ?

Absolument.

Face à cette tendance à retarder la maternité, qu’apporte la congélation d’ovules?

La vitrification est un progrès incroyable, c’est le prochain grand défi de la procréation médicalement assistée. C’est une technique fantastique ! Et savez-vous pourquoi ? Elle rend égaux les droits des femmes et des hommes, et certaines sociétés ne l’acceptent pas.
En plus, congeler les ovules est moins symbolique que de congeler des embryons. C’est fascinant !

Quelle est votre opinion quant aux techniques de procréation médicalement assistée en Espagne ?

Pensons à l’éthique qui, selon moi, a une double dimension. Il y a une éthique qui implique le respect pour la science et l’autre qui est envisagée comme une propension à l’interdiction. En Espagne, c’est le respect pour la science qui prédomine, et vous pouvez en être très heureux. Cela signifie qu’ici on respecte les implications éthiques de la science contrairement à d’autres pays européens.
Vous avez des leaders dans la recherche en matière de procréation médicalement assistée et ils peuvent mettre ces technologies au service de la population. C’est pour cette raison qu’il y a tellement de personnes qui viennent en Espagne pour suivre un traitement.

Grâce au Diagnostic Préimplantatoire on peut étudier l’ADN de chaque individu et éviter la transmission de maladies héréditaires. En même temps, des techniques comme celle-ci avivent le débat éthique. En tant qu’ex-président du Comité National Belge de Bioéthique, quelle est la ligne de conduite qui doit régir la médecine reproductive ?

Évidemment, si une mère ou un couple a un enfant ayant une maladie héréditaire ils doivent s’en occuper, bien sûr ! Mais, si, par exemple, on a six embryons et que trois d’entre eux présentent des altérations génétiques et que les trois autres sont parfaitement normaux, je ne vois aucune raison pour ne pas utiliser les embryons normaux, en évitant ainsi de la souffrance et de la peine.
Tout dépend des principes philosophiques et religieux fondamentaux de chacun : si vous pensez que vous ne devez pas avorter ou que vous ne devez pas avoir recours au DGP pour analyser la charge génétique de vos embryons, c’est votre droit. Mais si vous voulez le faire, allez-y. Personne ne devrait l’interdire aux autres.

Vous reste-t-il à combattre des préjugés quant à la procréation médicalement assistée ?

Oui, jusqu’à un certain point, nous devons encore affronter des préjugés. En Belgique, le Parlement respecte l’éthique de la science, et en Espagne vous avez de la chance d’avoir la situation dans laquelle se trouve la procréation médicalement assistée. Dans d’autres pays, la situation est catastrophique, là-bas les chercheurs doivent lutter contre une opinion publique qui y est opposée.

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